Personnage Masculin. (Petit jardin devant l'église)
Les orgues (par analogie avec l'instrument) ou les colonnes basaltiques sont une formation géologique composée de colonnes régulières.
Elle résulte de la solidification et de la contraction thermique d'une coulée basaltique peu de temps après son émission.
L'intérêt de cette roche est qu'elle est "particulièrement fissible et qu'elle rend les polis miroirs incroyables", confie Denis Monfleur.
"Elle est plus noire et plus lumineuse que le basalte." L'inconvénient est qu'il n'existe pas d'outils pour travailler cette pierre car ils fondent sur elle.
Afin d'obtenir le matériel nécessaire, Denis Monfleur s'est rapproché d'un collectionneur suisse qui travaille les micro diamants et de Coréens qui ont créé
des disques très durs pour la tailler.
L’orgue basaltique est une des roches les plus dures qui puisse exister. Mais cela, ce défi que l'artiste s'impose : vaincre la matière, venir a bout de la roche,
les visiteurs le devinent-ils seulement ? Car ici, pas de gradine, de lime ou de massette (outils utilisés pour les pierres tendres) mais des meuleuses d'angle,
des burins en tungstène ou encore des masses.
Au final, d’un bloc rectangulaire en orgue basaltique jaillit une masse rugueuse par endroit et merveilleusement polie à d’autres, une oeuvre unique, tout à la fois puissante et gracieuse.
Sortir du piège. (jardin de la Mairie)
"Faite pour être disposée à même le sol, sans socle, c’est une pièce d’une étrangeté presque arachnéenne, une anatomie roidie par la douleur, couturée de cicatrices,
démembrée mais que charpentent des articulations noueuses, des surfaces planes, des volumes aux arêtes assez marquées pour que ce corps soit distinct du réel. Cette espèce d’écorché,
avec son épiderme bosselé, paraît aussi bancale. En dépit de la pesanteur du granit, on n’ose s’en approcher, à peine y poser son regard, de peur de rompre son fragile équilibre.
Ce corps et sa posture sont improbables et ne tiennent que par une tension ambiguë. Est ce la figure d’un supplicié ou le transi d’un Ange déchu ? Un peu des deux sans doute.
Mais peut-être faut-il surtout y voir une allégorie du travail du sculpteur cherchant à extraire de la matière des corps, des visages, des gestes et, au-delà, un jeu de formes.
Sortir du piège – c’est le titre de cette œuvre –, s’affranchir de l’informe et de l’amorphe, s’extirper du bloc, s’arracher de la roche au prix d’efforts incommensurables…"
Bertrand Tillier , Professeur à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne
Voir le texte intégral de Bertrand Tillier à propos de cette œuvre
Têtes Monumentales en granit :
Tête douce, La tête caldera (devant la médiathèque),
L’ange noir (devant l'entrée de la Mairie), Grande tête (devant la Chapelle de la Souhaitier).
Denis Monfleur travaille dès 1998 le granit des carrières de Lanhelin (côtes d’Armor) grâce à la complicité de François Hignard.
Ce sont des blocs de presque 2 mètres de hauteur et de plusieurs tonnes auxquels se confronte l’artiste, issus de ce granit emblématique de la Bretagne dont
l’aspect massif, puissant, rugueux et la tendre couleur grise nous ramène à quelque chose de familier, l’évocation de mythes fondateurs de nos sociétés.
Ses grandes têtes nous imposent leurs masses puissantes et leurs échelles démesurées. Elles se dressent face à nous et semblent nous narguer avec
leur âge millénaire et leur immobilité imposante. Certaines, comme l’ange noir, à la face lacérée d’entailles horizontales évoquant les bandelettes
d’un linceul semblent venir du fond des âges et avoir résisté à leur manière au passage du temps
Nous les observons au filtre des pierres levées ou des mégalithes en lesquels les légendes et les contes populaires nous invitent à voir la marque
d’une intervention supérieure inexpliquée. Elles nous regardent aussi et nous nous sentons scrutés par ces présences mystérieuses et souveraines.
Surgie lente et comme par un chemin de biais
Du granit dont ses traits incluront la tourmente
Chaque tête jusqu'à son visage s’invente
Offerte en même temps que tenue en retrait
Par la pierre qui ne peut qu’entendre en secret
Son bloc bruire des dits d’une tête évidente
Gilles Mourier 2009
L’exécuté. (dans le verger adossé au mur de la Médiathèque)
"Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur."
Ces vers inscrits par Denis Monfleur sur la rouille du panneau d’acier corten qui se dresse dans le dos de « l’exécuté » viennent du poème : "le tombeau d’Edgar Poe"
composé par Mallarmé pour répondre au fruste bloc de basalte, non sculpté et dépourvu d’épitaphe, dressé en 1875 à Baltimore, en hommage à l’écrivain américain.
Mallarmé vit dans ce dénuement, le symbole de l’incompréhension de son temps pour le poète.
Le caractère indomptable de cette pierre dure qu’est le granit conduit sans doute a une certaine gravité voire à une pose dramatique comme celle de "l’exécuté"
dont la couleur rehausse le caractère tragique et émouvant. Est il lui aussi incompris par ses contemporains ? La question demeure.
4 torses en diorite et orgue basaltique. (Médiathèque)
Denis Monfleur travaille la diorite depuis 2015 environ, cette pierre, une des plus dures au monde, est une roche volcanique issue du refroidissement lent du magma,
elle est grenue et sa couleur va du gris au verdâtre.
Cette roche très dure, tout comme l’orgue basaltique permet d’obtenir des polis miroir incroyables mais au prix de quel combat ! Il n'existe pas d'outils pour la travailler
car ils fondent sur elle. Afin d'obtenir le matériel nécessaire, Denis Monfleur s'est rapproché d'un collectionneur suisse qui travaille les micro diamants et de Coréens
qui ont créé des disques très durs pour la tailler.
Au final, d’un bloc en diorite ou en orgue basaltique surgit une masse rugueuse par endroit et merveilleusement polie à d’autres, une oeuvre unique, tout à la fois puissante et gracieuse.
6 stylites et le christ a la Mandorle. (devant la médiathèque),
Dès son premier grand voyage a 18 ans, Denis Monfleur ressent "un choc devant l’art roman". Il est fasciné et très ému par la statuaire médiévale.
Rien d’étonnant donc dans son choix de représenter un crucifix. Mais la particularité de celui qui est présenté réside dans sa technique.
Il s’agit de lave émaillée, une technique retrouvée par l’artiste dans les années 2010 et qui n’était utilisé jusqu'à cette date que par les ingénieurs
de chez Michelin pour les objets en contact avec les intempéries : les bornes de route par exemple. En effet seule la lave, par sa dureté,
est capable de supporter sans casser, une cuisson adéquate pour obtenir dans un four a plus de 900 degrés une couche vitreuse inaltérable.
De cet assemblage dissonant de la matière lisse, fraîche et lumineuse qu’est l’émail contrastant avec le grain rugueux de la lave,
nait un nouvel équilibre.
En savoir plus sur Denis Monfleur :
Biographie de Denis Monfleur sur ce site
Portfolio de Denis Monfleur
LIEUX D'EXPOSITIONS :
Mèdiathèque, Le Bourg
22490 Plouër-sur-Rance
Jardins de la Mairie
22490 Plouër-sur-Rance
INFOS :
02 96 89 10 00
www.artaufildelarance.com
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à partir de mai 2018,